mardi 17 décembre 2024

Votre chat est-il secrètement un chien ?





Les chats et les chiens sont souvent perçus comme des opposés : indépendants contre loyaux, distants contre affectueux. Pourtant, il arrive que certains chats défient ces stéréotypes. Peut-être avez-vous déjà vu votre propre compagnon félin adopter des comportements qui ressemblent étonnamment à ceux d’un chien, vous faisant demander : "Mon chat est-il secrètement un chien ?"

Qu’il s’agisse de rapporter des objets, de vous suivre comme une ombre, ou d’être extrêmement sociable, découvrons ensemble ces attitudes surprenantes, les raisons de leur apparition et comment encourager ces traits uniques.

Les comportements canins que l’on retrouve chez les chats

1. Le jeu de rapport, un talent caché

Rapporter un objet est un comportement typiquement associé aux chiens, et pourtant, certains chats excellent dans cet art. Par exemple, les Bengals et les Siamois sont connus pour leur enthousiasme à aller chercher leur jouet préféré (une souris en peluche ou une balle) et à vous le ramener. Ces chats, très énergiques, adorent également les jeux impliquant une forte interaction.

2. Vous suivre partout

Votre chat vous suit-il d’une pièce à l’autre, refusant de rester à l’écart ? Certains chats forment un lien si fort avec leur humain qu’ils deviennent presque "pot de colle". Les races comme le Ragdoll ou le Maine Coon sont particulièrement célèbres pour cette proximité affective et leur désir constant de rester auprès de leur maître.

3. Des salutations enthousiastes

Imaginez rentrer chez vous et être accueilli par votre chat qui court vers vous, comme un chiot fou de joie. Alors que la plupart des chats répondent plus discrètement à votre retour, certains ne cachent pas leur excitation : frottements contre vos jambes, miaulements énergiques… Leur manière de dire "Tu m’as manqué !".

4. Offrir des “cadeaux” surprise

Les chiens adorent exhiber leurs trouvailles — branchages, jouets ou autres objets. Certains chats partagent ce même instinct, déposant devant vous leurs petits trésors : jouets, objets trouvés, ou parfois même un malheureux animal chassé. C’est une preuve d’affection... ou une façon de montrer leur habileté.

5. Véritable papillon social

Si les chiens excellent dans les interactions sociales, certains chats ne sont pas en reste : ils s’approchent volontiers des invités pour quémander de l’attention, cherchent les câlins, voire s’invitent à table durant les repas de famille. Le Burmese ou l’Abyssin, par exemple, sont réputés pour leur nature sociable et attachante.

Pourquoi certains chats adoptent-ils des traits canins ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ces comportements :

  • Certaines races spécifiques : Certaines races de chats, comme les Siamois, les Abyssins ou les Maine Coons, sont naturellement plus interactives, joueurs et sociables — des traits souvent qualifiés de “canins”.

  • Un lien précoce avec leur environnement : Les chats qui ont grandi en interaction étroite avec des humains ou même des chiens peuvent avoir appris ces comportements par imitation.

  • Différences de personnalité : Comme les humains, chaque chat a sa propre personnalité. Certains sont simplement plus actifs, curieux ou affectueux que d’autres.

  • Apprentissage et socialisation : Les chats sont capables d’être entraînés à exécuter des commandes ou à interagir plus activement avec leur entourage. Leur intelligence leur permet de s’adapter à ces comportements, surtout s’ils sont encouragés positivement.

Comment encourager ces comportements uniques ?

Si votre chat montre des tendances “canines”, voici quelques idées pour les développer et enrichir votre relation :

  1. Utilisez des jouets interactifs : Proposez-lui des jouets stimulants comme des balles ou des baguettes avec plumes. Récompensez-le lorsqu’il rapporte un jouet ou interagit activement.

  2. Renforcement positif : Offrez une friandise ou des caresses pour renforcer les comportements appréciés, comme venir à l’appel de son nom, vous saluer ou bien socialiser avec d’autres.

  3. Accordez du temps ensemble : Ces chats recherchent souvent des interactions humaines. Prenez du temps pour jouer, les caresser ou simplement rester près d’eux pour renforcer votre lien.

  4. Exposez-le doucement à la socialisation : S'il préfère le contact avec les gens, laissez-le interagir avec vos invités, tout en respectant ses limites et son confort.

  5. Osez des sessions d’entraînement : Envisagez de lui apprendre des commandes simples comme "viens" ou "rapporte". Les chats réagissent bien à des séances d’entraînement courtes mais régulières, avec des récompenses motivantes.

Le meilleur des deux mondes

Avoir un chat aux comportements proches de ceux d’un chien est une véritable source de bonheur : il combine le meilleur des deux types de compagnons. Ces félins uniques apportent souvent une énergie singulière à leur foyer et établissent des relations profondes avec leurs humains.

Alors, si votre chat agit comme un chien, savourez ces petites excentricités et appréciez à quel point ce mélange de personnalités enrichit votre quotidien. Après tout, qu’il miaule ou qu’il imite un toutou, votre chat a déjà conquis votre cœur, peu importe l’étiquette qu’on lui donne !

 

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vendredi 13 décembre 2024

Pourquoi les chats ont envahi Internet

Pourquoi les chats ont envahi Internet

Sur le web, impossible d'échapper aux memes mettant en scène les félins domestiques. Mr Thinktank / Flickr, CC BY
Justine Simon, Université de Franche-Comté – UBFC

Des chats partout : en dessins, en photos, en vidéos, en GIFs, en mèmes… Ils sont devenus les véritables stars d’Internet. Qu’ils fassent des blagues, des câlins ou des bêtises, leurs images circulent sans fin sur les réseaux sociaux. Mais pourquoi ces animaux ont-ils envahi nos écrans ? Et que nous révèlent-ils sur notre société et sur le fonctionnement des plates-formes que nous utilisons au quotidien ?


Cela fait plusieurs années que j’étudie la propagation des images sur les réseaux sociaux, qu’elles soient humoristiques ou plus sérieuses. C’est dans les années 2000 que le chat est devenu un objet central de la viralité avec des formats comme les « LOLcats » (2007) et cette viralité s’est accentuée avec la montée en puissance des réseaux sociaux (comme Facebook, YouTube, Instagram et TikTok).

Au cours de ma recherche sur les #ChatonsMignons (c’est le terme que j’utilise pour désigner ce phénomène viral), j’ai relevé plusieurs aspects fascinants, comme l’utilisation symbolique du chat en politique ou sa dimension participative, lorsque des internautes créent des mèmes.

Un mème est un élément décliné massivement sur Internet et qui s’inscrit dans une logique de participation. Il peut s’agir d’un texte, d’une image (fixe ou animée), d’un son, d’une musique ou une combinaison de ces différents éléments.

On peut également noter le renforcement des liens sociaux que le partage d’images de chats crée, et enfin, leur capacité à générer des émotions fortes.

Le chat en politique, un symbole multiple

Les chats ne sont pas seulement mignons : ils sont aussi des symboles très puissants. En analysant un total de 4 000 publications sur Twitter, Instagram et TikTok – une veille de contenus et une recherche par mots-clés ont été menées sur une période de quatre mois (d’octobre 2021 à janvier 2022) – il est apparu que le chat pouvait revêtir de nombreux masques.

Parfois, il est un outil de mobilisation collective, parfois une arme pour la propagande politique. Par exemple, un GIF de chat noir effrayé peut symboliser la résistance politique et renvoyer à l’imaginaire anarchiste, dans lequel le chat noir incarne la révolte.

À l’inverse, Marine Le Pen utilise aussi les #ChatonsMignons pour adoucir son image dans une stratégie de dédiabolisation – c’est ce que je nomme le « catwashing » : une stratégie de communication politique qui vise à donner une image trompeuse des valeurs portées par une personnalité politique.

Le chat devient alors un symbole politique, parfois pour défendre des idées de liberté, parfois pour cacher des messages plus inquiétants.

Même Donald Trump a mentionné le félin durant la campagne présidentielle américaine, dans une formule absurde accusant les migrants de manger des chiens et des chats lors du seul débat télévisé l’opposant à Kamala Harris,créant ainsi un buzz monumental.

Cette déclaration a généré une vague de mèmes et de réactions sur les réseaux, au départ pour la tourner au ridicule, puis elle a été récupérée par les pro-Trump. Ce raz-de-marée de mèmes a pris une importance démesurée au point de faire oublier le reste du débat. On peut alors s’interroger : n’était-ce pas une stratégie de la part du camp républicain ?

La participation des internautes : un jeu collectif

Car les mèmes de chats, en particulier les célèbres « lolcats », sont devenus des éléments clés de la culture Internet participative. Ces images de chats avec des textes souvent absurdes ou mal écrits constituent une façon décalée de s’exprimer en ligne.

En partageant et en réinventant ces mèmes, les internautes s’approprient le phénomène des #ChatonsMignons pour créer une sorte de langage collectif.

L’exemple du « Nyan Cat », un chat pixelisé volant dans l’espace avec une traînée d’arc-en-ciel, montre bien à quel point les chats sont intégrés à la culture participative du web.

Nyan Cat ! [Official].

Ce mème, créé en 2011, est devenu emblématique, avec des vidéos de plusieurs heures sur fond de boucle musicale kitsch et hypnotique.

Plus récemment, le mème « Chipi chipi chapa chapa cat », apparu en 2023, a suivi une ascension virale similaire (28 millions de vues sur ces dix derniers mois pour cette vidéo), prouvant que les chats sont loin de lasser les internautes.

La culture participative pousse ces derniers à relever des défis : créer de nouveaux contenus, utiliser des références cachées et partager ces créations à grande échelle. Avec l’arrivée de plates-formes comme TikTok, ce phénomène s’accélère : chaque vidéo devient un terrain de jeu collectif. Mais ce jeu peut aussi servir des objectifs sérieux, comme dans les cas d’activisme en ligne.

Le chat, un outil de sociabilité

Ils jouent aussi un rôle important dans la manière dont les gens se connectent et interagissent en ligne, et cela ne se réalise pas que dans un registre humoristique, comme pour les mèmes. Le chat favorise ainsi un lien social qui traverse les frontières géographiques et culturelles, rassemblant des individus autour de l’amour des animaux.

Partager une photo de son propre animal domestique devient une façon de se montrer tout en restant en arrière-plan. C’est ce qu’on appelle l’extimité, c’est-à-dire le fait de rendre publics certains aspects de sa vie privée. Le chat sert alors d’intermédiaire, permettant de partager des émotions, des moments de vie, tout en protégeant son identité.

Ainsi, beaucoup de gens publient des photos d’eux en visioconférence avec leur chat sur les genoux. Ce type de contenu met en avant non seulement leur quotidien, mais aussi la relation particulière qu’ils entretiennent avec leur animal. Ces échanges dépassent la simple publication de photos de son chat ou de « selfiecats » (selfies pris avec son chat).

Il s’agit de mettre en valeur une expérience collective, où chaque interaction avec une image de chat contribue à une conversation globale. Le « selfiecat » est ainsi devenu un moyen d’exprimer et de valoriser cette complicité unique, aux yeux de tous.

Dans de nombreux cas, la relation entre l’humain et le chat est mise en avant comme une expérience partagée, créant une sociabilité numérique autour de cette humanité connectée. Les membres des communautés se retrouvent pour commenter, échanger des anecdotes ou des conseils, et ces interactions virtuelles renforcent les liens sociaux.

En ce sens, les chats deviennent plus qu’un simple objet de viralité : ils sont le ciment d’une forme de sociabilité numérique qui permet aux gens de se rassembler, de se comprendre et de se soutenir, même sans se connaître.

Les chats, une machine à émotions

Enfin, si les #ChatonsMignons sont si viraux, c’est parce qu’ils sont capables de provoquer des émotions fortes. Les chats ont un regard, une posture et des mimiques si proches de celles des humains qu’ils nous permettent d’exprimer toute une gamme d’émotions : de la joie à la frustration, en passant par l’étonnement ou la colère.

Cette puissance affective explique pourquoi ils génèrent autant de clics et de partages. Sur les réseaux sociaux, où tout repose sur l’attention et l’engagement, les chats deviennent de véritables machines à clics. Les plates-formes profitent de cette viralité pour capter l’attention des utilisateurs et monétiser leur temps passé en ligne.

Les chats ont envahi le web parce qu’ils sont bien plus que des créatures mignonnes. Ils sont des symboles, des outils de participation, des créateurs de liens sociaux et des déclencheurs d’émotions. Leur succès viral s’explique par leur capacité à s’adapter à toutes ces fonctions à la fois. En fin de compte, les #ChatonsMignons nous apprennent beaucoup sur nous-mêmes, nos besoins d’expression et la manière dont nous interagissons dans un monde hyperconnecté.


Justine Simon est l’autrice de « #ChatonsMignons. Apprivoiser les enjeux de la culture numérique », paru aux éditions de l’Harmattan.The Conversation

Justine Simon, Maître de conférences, Université de Franche-Comté, ELLIADD, Université de Franche-Comté – UBFC

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

 

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